Pourquoi la terre crue ?

Un matériau contemporain et soutenable

La terre crue suscite un regain d’intérêt pour la construction neuve du fait de son faible impact environnemental et du confort hygrothermique et acoustique qu’elle procure. Les parois en terre crue disposent d’une inertie thermique importante, renforcée par les changements de phases de l’eau et sont également capables de capter les apports solaires. La forte inertie de ce matériau offre, entre autres, un confort d’été remarquable et son emploi peut être envisagé pour lutter contre les effets des îlots de chaleur urbains. En outre, l’énergie grise incorporée dans une paroi en terre crue locale est environ vingt fois inférieure à celle incorporée dans une paroi en matériau conventionnel. Ce matériau constitue donc une contribution potentielle importante à l'atteinte des objectifs de la construction « bas carbone » (conformément aux engagements pris par la France de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre). Dans la perspective d'une économie circulaire, la construction en terre est aussi un débouché d'intérêt pour les terres de terrassement des ouvrages du BTP, considérées comme déchets inertes, et qui constituent la majorité des déchets produits par ce secteur.

Notion de réversibilité

La notion de réversibilité pour les matériaux de construction est assez floue et mérite d'être précisée. Deux notions distinctes englobent ce terme :

  • le fait que les matériaux naturels utilisés pour la construction restent compatibles avec le milieu naturel et peuvent donc reprendre leur place dans les flux naturels,
  • le fait que les mécanismes assurant la cohésion du matériau conservent leurs propriétés initiales, même après plusieurs phases de construction et de déconstruction.

Dès lors que le matériau subit une réaction chimique ou est adjuvanté à l’aide d’un produit transformé il perd potentiellement sa capacité de conservation des ressources naturelles.

Maintenir la plus-value de la terre crue

La plus-value apportée par les architectures de terre crue est liée à ses bénéfices environnementaux, sanitaires et sociaux. Certaines pratiques, comme le transport de la matière sur de longues distances, la reformulation importante du matériau ou l’ajout d’adjuvants synthétiques, peuvent grandement altérer les bénéfices de ces matériaux. C’est pour conserver ces bénéfices – relativement significatifs par rapport aux matériaux conventionnels – qu’une charte a été rédigée pour le Projet national, charte à laquelle devront adhérer tous les partenaires du projet.

Un patrimoine riche

La France est riche d’un patrimoine important en terre crue, de l’ordre de 1 million de logements et de 15 % du patrimoine bâti, âgés pour la plupart d’au moins un siècle. Ce patrimoine apporte la preuve de la pérennité de ce type de construction, il nous renseigne sur les techniques de mise en œuvre adaptées localement, il est la mémoire des cultures constructives vernaculaires et participe à l’attractivité touristique de nos territoires.

Une diversité de procédés

La terre est un des premiers matériaux employés par l’Homme pour la construction. Au fil des siècles, différentes techniques de mise en œuvre ont été développées. Ces techniques peuvent être classées en fonction de leur état hydrique de préparation, de mise en œuvre et du type d’élément d’ouvrage. Pour plus de précisions sur la définition des techniques de construction, visitez le site de la Confédération de la Construction en Terre Crue.

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Briques de terre moulées maçonnées après séchage pour former un mur porteur (Univ. Eiffel)
Bauge

Terre malaxée à l’état plastique, modelée puis empilée pour former un mur monolithique porteur (Univ. Eiffel)
Bloc de Terre Comprimée (BTC)

Blocs de terre compactés dans une presse, maçonnés après séchage pour former un mur porteur (Univ. Eiffel)
Enduit

Mélange de terre à l’état plastique mis en œuvre humide pour enduire la surface des murs (Triphine Duvauferrier)
Pisé

Terre compactée dans un coffrage pour former un mur monolithique porteur (Nicolas Meunier)
Terre allégée

Mélange de terre et de fibres, mis en œuvre dans un coffrage, ayant généralement une densité sèche inférieure à 900 kg/m3, utilisé comme remplissage d’une structure porteuse (Inventerre)
Torchis

Mélange de terre à l’état plastique et de fibres utilisé comme remplissage d’une structure porteuse, souvent en bois (Vincent Doussinault)